Coaching à distance: “Restez en contact autant que possible”

Les derniers mois, les entreprises ont massivement fait recours au travail à domicile. Les chiffres du SERV montrent qu’à peine 11% des travailleurs travaillaient un jour par semaine à domicile avant la crise corona. Le SERV ne dispose pas encore de chiffres pour cette année-ci, mais les chiffres qui circulent dans les médias – pour certains secteurs – s’élèvent à 75% au(x) pic(s) de la crise sanitaire. En outre, le travail à domicile s’est intensifié, car il s’agit de bien plus qu’un jour par semaine.

Nous n’aurons une idée de l’ampleur de l’augmentation qu’au moment où la situation se stabilise. Il est toutefois déjà clair que le travail à domicile a pris un envol sérieux et permanent. La situation place les coachs d’équipe devant un nouveau défi. La question reste de savoir comment accompagner une équipe avec laquelle le contact physique est presque inexistant.

Jeroen Lebotte a quelques années d’expérience avec le coaching à distance. Chez Telenet, il accompagne une équipe d’environ 30 collaborateurs internes et externes qui s’occupent de l’installation et de l’entretien d’une cinquantaine de petits et grands centres de données en Belgique et au Luxembourg. Ils installent également des réseaux en fibre optique chez des grands clients. “Je fais du coaching à distance depuis bien quelque temps” explique-t-il. “Mais cette ampleur est aussi nouveau pour moi. A l’époque, je voyais mes collaborateurs chaque semaine, mais maintenant au maximum une fois par mois. Le coaching est devenu un défi encore plus important.”

Contact informel

Quelle est la plus grande différence avec une équipe au bureau ?

Lebotte: Le moment à la machine à café. C’est un contact informel, pendant lequel vous apprenez comment se porte votre équipe, quels sont leurs problèmes, quels aspects se déroulent bien et moins bien. Le contact ‘face to face’ est toujours le plus puissant. Avant la période de crise, je faisais des appels dans la voiture en rentrant. Je téléphonait mes collaborateurs pour papoter. Lors de ces entretiens, il arrivait souvent que certains éléments soient abordés qui ne le seraient pas dans une concertation formelle. Ces déplacements ont toutefois disparu. Je peux toujours les téléphoner, mais c’est différent. Le retour à la maison était aussi la clôture de la journée de travail.

Qu’avez-vous appris de la crise corona ?

Lebotte: J’ai appris à tenir compte de la réalité de mes collaborateurs. Personnellement, je n’ai pas d’enfants. J’aime commencer à travailler tôt. Une réunion qui commence à 8h ne pose aucun problème pour moi. Mais pour mes collaborateurs, cette heure est souvent très chargée. Il vaut mieux ne pas les déranger à ce moment-là. La réunion peut aussi bien commencer à 9 heures.

Qu’est-ce que l’avenir nous réserve au niveau du travail à domicile, selon vous ?

Lebotte: Le travail à domicile est très élargi en ce moment. Ce sera à nouveau nuancé. Mais le concept du travail au bureau a 100 ans. Une mise à jour s’impose. Les bureaux restent utiles pour le travail créatif, pour chercher des solutions ensemble de manière innovante ou pour une réflexion. Le travail au bureau deviendra plus qualitatif. Néanmoins, le travail quotidien se fera à domicile. J’en suis convaincu. Les grandes entreprises comme Telenet doivent donner l’exemple. Je suis content que nous le ferons.

Confiance

Comment contrôlez-vous les membres de votre équipe et leurs prestations ?

Lebotte: Je n’aime pas le terme ‘contrôle’. C’est plutôt une question de confiance. Une personne qui profite systématiquement, se fait prendre tôt ou tard. Pour moi, l’output prime. Si vous accompagnez et motivez les membres de votre équipe, ils n’atteindront non seulement leurs objectifs, mais seront prêts à faire un effort supplémentaire. Pour ma part, le contrôle des heures de travail est une chose du passé. Le travail à domicile demande plus des collaborateurs, donc un peu de flexibilité peut être accordée en échange. Ces derniers mois ont montré que c’est possible. Les résultats sont là. Même aux moments très chargés en raison de covid.

Avez-vous des conseils pour les collègues qui commencent à faire du coaching à distance ?

Lebotte: Restez en contact autant que possible! Organisez plus souvent une brève réunion ou même un coffeecall pour rester en contact. Sinon les frustrations s’accumuleront. Il vaut mieux les résoudre rapidement pour éviter qu’elles s’accumulent trop. Les réunions digitales semblent parfois un peu bizarres, mais plus souvent vous le faites, plus cela devient facile. Elles mettent vos sens en éveil. C’est nécessaire, car l’aspect visuel se perd largement. Même si vous organisez une réunion avec caméra, beaucoup d’informations visuelles se perdent.

Il convient aussi d’introduire des moments de repos entre les réunions. Les réunions digitales sont plus lourdes. A l’époque, vous aviez aussi 10 minutes pour vous déplacer de l’une réunion à l’autre, ou même pour vous arrêter brièvement à la machine à café…

Auteur: Jan Deceunynck | Photo: Shutterstock