À LA RECHERCHE DE COLLÈGUES (EN VAIN)

Vous l’avez remarqué vous aussi ? Le nombre de postes vacants difficiles à pourvoir monte en flèche. Depuis un certain temps, le monde politique accorde une attention particulière à la pénurie de main-d’œuvre. Les employeurs aussi citent régulièrement cet argument dans les discussions. Ils réclament de plus en plus des formations davantage axées sur le marché du travail. Mais cela ne résout pas le problème.

Des études récentes montrent qu’il est particulièrement difficile de pourvoir les postes vacants pour les emplois à forte intensité et aux conditions de travail médiocres. Dans ce contexte, les formations visant à améliorer les compétences ou la mobilité de la main-d’œuvre n’apportent que peu d’aide. L’inadéquation n’est pas nécessairement due à la différence entre les compétences requises et le niveau de formation. L’écart entre les attentes des travailleurs et la réalité offerte par les employeurs pose un problème plus important.

Ce constat offre des opportunités. La pénurie sur le marché du travail est l’occasion pour les travailleurs d’entamer un dialogue avec la direction sur la qualité de l’emploi, la charge de travail et la gestion avisée. Ces thèmes font souvent l’objet d’une attention relativement limitée lors de la concertation sociale.

Toutefois, investir dans la formation reste plus que jamais une nécessité indéniable. La transition numérique et écologique entraîne une évolution constante des aptitudes et compétences nécessaires. Une grande partie du développement des compétences devra inévitablement se faire sur le terrain, pendant les heures de travail.

Dans la pratique, cela semble être un terrible écueil. Une enquête menée par la CSC dans le secteur tertiaire a révélé que 55 % des travailleurs n’ont pas reçu une seule journée de formation sur le lieu de travail. Dans 25 % des cas, l’employeur refuse explicitement de proposer une offre de formations.

Les travailleurs, quant à eux, souhaitent davantage d’opportunités de formation. La moitié des travailleurs interrogés ne sont pas satisfaits des efforts de leur employeur en matière de formation. Pas moins de 51 % d’entre eux souhaitent participer à davantage de formations si la charge de travail le permet. Il est intéressant de noter que 62 % des formations sont motivées par les tâches actuelles des travailleurs. En d’autres termes, les nouveaux défis et besoins sont rarement utilisés pour motiver les formations. En outre, 48 % des personnes interrogées indiquent avoir besoin d’une formation plus spécifique à leur travail.

La valeur ajoutée immédiate d’une formation complémentaire ne fait donc aucun doute. Néanmoins, le fait de combiner un travail exigeant à une formation est plus que jamais source de stress et d’inquiétude pour les travailleurs. Attendre des travailleurs qu’ils suivent une formation pendant leur temps libre alourdit la charge de travail et n’est pas réaliste. La formation doit être suivie pendant le temps de travail.

L’impact des postes vacants est palpable

Lieven De Wandel est représentant du personnel chez Barco. Avec ses collègues, il tente de maîtriser l’impact des postes vacants. « Depuis un certain temps, il est difficile de pourvoir les postes vacants dans notre entreprise, tant pour la R&D que pour les ouvriers. Ces derniers mois, les choses semblent toutefois s’améliorer légèrement. Nous rattrapons progressivement notre retard. Notre organisation accorde une grande attention à la formation. La situation s’améliorerait encore si l’employeur adaptait un peu plus ses attentes à l’égard des nouveaux travailleurs et s’il investissait un peu plus dans la formation sur le terrain après le recrutement. Les postes vacants sont un sujet récurrent lors de notre concertation sociale, car l’impact qu’ils ont sur les collègues qui travaillent déjà dans l’entreprise est particulièrement palpable. Nous demandons surtout à la direction d’adapter le nombre de projets à l’occupation réelle. De cette manière, la charge de travail reste supportable pour tous et correspond à la main-d’œuvre disponible. »

Une bonne direction mise sur le développement personnel

En tant que représentante du personnel chez DPG Media, Els Henderieckx vise à éviter la spirale infernale de l’augmentation de la rotation du personnel et de l’absentéisme. « Dans notre entreprise, il y a trop de postes vacants que nous ne parvenons pas à pourvoir ou qui sont difficiles à pourvoir. Nous le constatons surtout pour les profils techniques et informatiques, ainsi que pour les experts commerciaux. Nous investissons donc beaucoup dans la formation (interne et externe) et la mobilité interne, mais cela risque de créer un nouveau problème ailleurs. Nous en discutons lors de la concertation sociale mensuelle et RH y œuvre d’arrache-pied. La charge de travail nous préoccupe particulièrement. Elle est déjà très élevée. Et les postes vacants ne font que l’accroître. Cela retarde les projets. DPG Media a récemment été élu employeur le plus attractif de l’année et, pour conserver cette réputation, nous avons besoin d’une politique RH solide et globale, axée sur le développement personnel et les programmes de rémunération, dans laquelle un leadership ouvert est la norme à tous les niveaux. C’est là que le bât blesse. Un meilleur leadership, une attention portée aux ambitions et/ou aux compétences, et une plus grande transparence en matière d’opportunités et de rémunérations pourraient faire une réelle différence. »

Vous souhaitez obtenir des conseils personnalisés sur votre droit à la formation ? Vous vous demandez s’il existe un fonds de formation dans votre secteur ? Vous avez des idées sur le plan de formation de votre entreprise ? N’hésitez pas à nous en faire part via csc.cadres@acv-csc.be  Ensemble, nous faisons la différence.

Never Work Alone 2023 | Auteur: Lieveke Norga | Image: Daniël Rys