Concertation sociale : CSC Cadres fait son examen de conscience

Ce n’est jamais une mauvaise idée de se regarder régulièrement dans le miroir, et ça vaut aussi pour les syndicats. Est-ce que nous avons la bonne approche en matière de concertation sociale ? Quelle serait l’approche idéale ? C’est pour répondre à ces questions que nous avons réuni le 16 septembre un professeur, un négociateur et quelque 25 représentants du personnel pour la Table ronde Dialogue social de la CSC Cadres à De Serre à Anvers.

La mission

Nous avons demandé au groupe de définir les critères d’une concertation sociale constructive et axée sur le résultat en mettant l’accent sur ce que nous contrôlons nous-mêmes (et pas sur les échecs de l’autre côté de la table) afin de donner aux employeurs suffisamment de marge pour intervenir tout en créant un cadre inspirant. Notre Table ronde a généré un ensemble d’idées sur la concertation sociale que nous tenons à partager avec vous !

Les constats

  • Le débat et le dialogue partent de deux états d’esprit différents : le débat est une approche nous/eux (employeurs contre travailleurs et inversement) alors que le dialogue part du principe que personne n’a le monopole de la vérité, ce qui pourrait permettre une nouvelle approche dans le paysage social.
  • Certains sujets tels la qualité du travail, les carrières et l’environnement du travail se prêtent davantage au dialogue qu’au débat et il faut donc lui donner sa chance. La nature de la conversation est aussi influencée par les travailleurs qui se sentent attirés par ces sujets.
  • La participation est un moyen de faire face à la tendance à l’individualisation et permet de transcender la tension entre l’individuel et le collectif. Elle fait aussi comprendre aux représentants des travailleurs l’importance d’investir à nouveau plus dans les relations avec les gens sur le terrain.
  • Les descriptions de fonction changent à une vitesse jamais vue et de nouvelles formes de travail apparaissent, ce qui crée une grande incertitude. Dans ce contexte, le burn-out devient parfois « la nouvelle grève ». Non pas comme résistance consciente, mais comme le symptôme d’un problème qui dépasse l’individu tout en donnant pourtant l’impression de ne pas être un problème collectif.
  • Les cadres sont aussi des travailleurs « comme les autres ». Ils connaissent bien les préoccupations de leurs collègues et les contraintes d’un environnement de travail en évolution rapide (VUCA). Leur position spécifique leur permet d’approfondir le dialogue et de le rendre compréhensible pour les deux parties.

Les actions

  • Investissez en une bonne préparation. Il faut convaincre l’employeur de la valeur ajoutée d’une telle préparation pour qu’il puisse la faciliter.
  • Expliquez vos motifs.
  • Écoutez les autres, y compris les groupes dont vous êtes moins proche et rassemblez-les. Expliquez-en l’importance à l’employeur.
  •  Inspirez le respect par une communication transparente quant aux objectifs.
  • Ne vous laissez pas enfermer dans un carcan.
  • Partagez des récits positifs et ce qui a été réalisé.

Les conseils …
… pour les employeurs

  • Écoutez et essayez de vous comprendre mutuellement (quels sont les objectifs et les attentes des deux parties, …).
  • Soyez honnête et transparent.
  • Prenez l’autre au sérieux.
  • Évitez les émotions mais faites preuve d’empathie.
  • Respectez vos engagements, ça permet de renforcer la confiance.
  • Considérez les représentants du personnel comme des travailleurs très motivés qui ont à cœur les intérêts de l’entreprise et de leurs collègues.
  • Détendez-vous et détendez par là le dialogue.
  • Consultez avant de décider.

… pour les représentants du personnel

  • Accordez une attention toute particulière à la préparation et faites vous-même des propositions créatives.
  • Soyez à l’écoute et soyez patient.
  • Restez constructif, faites preuve de positivisme et montrez que vous croyez en la concertation.
  • Osez faire des concessions.
  • Soyez attentif à l’aspect humain et ne vous laissez pas aller à des attaques personnelles.
  • Motivez vos questions et vos décisions.
  • Entretenez la relation avec votre base.
  • Parlez d’une seule voix, la main dans la main avec les autres syndicats et les travailleurs.
  • Faites preuve d’empathie mais évitez les émotions excessives.

Auteur: Sandra Vercammen | Photo: iStock