PREFACE: Appel urgent aux artistes du langage

L’idée est apparue pendant la pause de midi. Plusieurs collègues qui se connaissent bien menaient une conversation banale sur un sujet plutôt délicat. Au départ, elles décrivaient timidement certains symptômes féminins qui apparaissent à partir d’un certain âge et qui ont parfois un impact gênant sur le travail. Enfin, le terme délicat a été prononcé : la ménopause.

Cette conversation en toute transparence à la cafétéria a donné lieu à l’interview d’Elke Haccour dans ce numéro, qui nous raconte son expérience difficile vécue au travail. Pourtant, selon le professeur Peggy De Prins, il est plus que nécessaire de reconnaître les dark sides au travail pour replacer la réalité du travail dans son contexte. En effet, tout n’est pas toujours rose.

Le concept des dark sides crée un langage qui permet de se rapprocher d’un phénomène réel. En utilisant le langage adéquat, les supérieurs hiérarchiques disposent d’un cadre conceptuel pour entamer le dialogue. Nous avons besoin d’un « langage » plus adapté pour désigner les problèmes et les défis présents sur le lieu de travail. Sans être brusque, sans polariser. De manière transparente et concrète.

Le langage a le pouvoir de polariser, mais aussi d’unir. Le langage peut engendrer un conflit, mais aussi un dialogue. Le langage peut masquer, mais aussi éclairer. Le langage peut diviser et mettre en avant des intérêts communs. À une époque faite de questions délicates, difficiles et complexes, nous avons grand besoin d’un langage qui unifie, qui est clair et qui ouvre à d’autres perspectives. Ce type de langage est à l’origine de la participation et de la concertation dans les entreprises et les organisations.

Les défis du dialogue social sont multiples. Les entreprises sont confrontées à la transition climatique. Le discours sur la productivité dont nous tirons notre prospérité est menacé. De plus en plus de travailleurs du savoir fixent des limites à leur temps de travail. Les travailleurs remettent en question le système complexe de la stratification de la fixation des salaires par le biais de plans cafétéria et de la rémunération liée aux performances. L’intelligence artificielle menace les emplois créatifs et cognitifs.

Nous avons besoin de plus de représentants du personnel qui comprennent et maîtrisent la valeur ajoutée du langage unifiant et favorisant le dialogue. J’en connais quelques-uns. Mais d’autres sont nécessaires. Les élections sociales de 2024 rendent la question plus urgente que jamais.

Parlez-vous le langage unifiant et favorisant le dialogue ? Avez-vous des idées pour améliorer les choses ? Faites-le-nous savoir via l’adresse csc.cadres@acv-csc.be ou consultez le site lacsc.be/elections-sociales.

Never Work Alone 2024 | Auteur: Sandra Vercammen | Photo: Dries Luyten